Tout ce que fait le pouvoir de l'Univers se fait dans un cercle. Le ciel est rond et j'ai entendu dire que la terre est ronde comme une balle et que toutes les étoiles le sont aussi. Les oiseaux font leur nid en cercle parce qu'ils ont la même religion que nous. Le soleil s'élève et redescend dans un cercle, la lune fait de même, et tous deux sont rond. Hehaka Sapa

dimanche 12 juin 2016

L'Autre Sommet Économique de Paris


  L'Autre Sommet Économique de Paris


Ce même été 1989 (voir la "déclaration des Responsabilités..." plus haut) 
avait lieu à Paris un sommet des chefs d'état des 7 pays les plus riches de la planète. Simultanément avait été organisé « l'Autre Sommet Économique », « The Other Economic Summit », TOES 89, regroupant les représentants de sept pays parmi les plus pauvres de la même planète..



Je retranscis ici cette lettre ouverte, que j'avais publié à l'époque, suivie de la déclaration finale rédigée le 15 Juillet 89



  
 (Trois mille personnes étaient présentes à la Mutualité et à Jussieu (Paris) pour participer à « l'Autre Sommet  89»)



Lettre ouverte aux chefs d’État du Sommet des Sept

Madame, Messieurs les chefs d’État et de Gouvernement,
Vous vous réunissez cette année à Paris pour votre sommet annuel à la date symbolique du 14 Juillet 1989. La Révolution français a montré aux peuples que les institutions n'étaient pas immuables, que l'avenir était ouvert et qu'il pouvait être façonné selon des idéaux de liberté, d'égalité et de fraternité. Nous pensons que la solennité du moment demande que votre rencontre aille au delà de la discussion des affaires courantes et traite des problèmes affligeant l'humanité dont la solution exige un consensus international.

Le plus grave de ces problèmes, c'est la survie de l'humanité et de votre planète. Aujourd'hui, l'holocauste nucléaire et des processus irréversibles de dégradation écologiques menacent l'avenir. Toute aussi urgente est la question sociale : dans le tiers monde, la misère, la faim et les épidémies frappent des centaines de millions d'hommes, de femmes et d'enfants. La répartition de la richesse est de plus en plus inégale et les phénomènes massifs d'exclusion sévissent dans des pays aussi riches que les vôtres.

L'élimination de ces menaces passe par l'instauration d'un système de sécurité aux volets multiples : sécurité écologique, alimentaire et sociale, détente internationale ; sans oublier la protection contre les risques majeurs d'accidents, qu'ils soient naturels ou provoqués par l 'activité humaine. Elle demande aussi la réforme des institutions de régulation de l'économùie internationale et la mise en place d'un dispositif de gestion de l'environnement global du vaisseau Terre, soumis au triple critère de prudence écologique, d'utilité sociale et d'efficacité économique.

Un changement complet s'impose donc dans les modes de développement et dans les rapports entre les pays riches et les pays du tiers monde.

Nous pensons que la solution à ces problèmes passe par l'examen approfondi des dix points suivants, explicités dans le mémorandum joint à cette lettre : la planète en danger ; l'économie d'endettement ; les règles du jeu du commerce international ; la situation faite aux femmes ; les populations marginalisées ; la coordination face aux fléaux ; l'avenir de la vie, la révolution technologique ; les migrations de populations ; la paix et le désarmement.

Les questions que nous venons de soulever ne pourront pas être résolues du jour au lendemain. Nous n'attendons pas de vous des réponses immédiates. Par contre, nous pensons qu'il est impératif de définir un échéancier de négociations pour rechercher le consensus international nécessaire à un progrès décisif vers un monde moins menacé et moins déchiré par les inégalités.

Cependant, ces questions sont beaucoup trop sérieuses pour être traitées dans le secret des tractations diplomatiques. Dans sa charte, l'Organisation des Nations Unies se veut une organisation des peuples : dans les faits, elle fonctionne comme un organisme de gouvernements. C'est pourquoi nous affirmons qu'un large débat démocratique est indispensable : les représentants des sociétés civiles doivent y être impliqués à toutes les étapes, et les gouvernements doivent à tout moment rendre compte aux citoyens de leurs actes.

Nous attendons donc de votre sommet de Paris qu'il se conclue sur une double proposition : celle d'un échéancier de négociations sur les grands problèmes mondiaux évoqués, et celle d'une procédure de consultation démocratique des opinions publiques.

Dans cette perspective, nous saluons toutes les initiatives émanant des personnes et des groupes visant à résoudre collectivement ces grands problèmes. Nous saluons en particulier l'Autre Sommet Economique / The Other Economic Summit « TOES 89 », qui se tiendra à Paris à l'occasion de votre sommet officiel.




Déclaration Finale de L'Autre Sommet de Paris

« C’est à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française que des témoins de sept pays parmi les plus appauvris du monde, tout comme les sept pays les plus riches, sont réunis à Paris. Les uns et les autres tirent leur légitimité de cet événement historique, mais ces légitimités sont opposées. Car si la Révolution française a élargi le champ du capitalisme moderne, elle a en même temps proclamé les principes de liberté et d’égalité comme fondement du droit des pauvres à lutter contre la misère et l’oppression.
Deux cents ans après la prise de la Bastille par les plus pauvres des parisiens, la contradiction entre les riches et les pauvres ; entre les puissants et les marginalisés, est devenue mondiale. Les inégalités de revenus s’aggravent, et donc les inégalités de revenus dans les capacités de développement. L’exercice de la démocratie n’est souvent que fictif, là où celle-ci est constitutionnellement reconnue, tandis que violence et répression prévalent dans la plus grande partie du monde.
Telle est la contradiction Nord-Sud, qui est potentiellement la plus dangereuse pour l’avenir. Le développement des sept grandes puissances modernes s’est surtout construit sur l’exploitation et la désagrégation d’une large partie du monde, à laquelle ces sept riches imposent leur technologie, leur type de civilisation, leur modèle de consommation.

C’est pourquoi, nous fondant sur la déclaration universelle des droits des peuples, proclamée le 4 juillet 1976 à Alger, nous déclarons solennellement que nous contestons aux « Grands » de la terre le droit de confisquer aujourd’hui le message de la Révolution française. En ce jour de fête de la liberté, nous considérons comme hypocrite et même suicidaire, de parler de justice et de bien être, alors même que le monde s’enfonce dans l’inégalité et que les peuples sont massivement marginalisés.
Nous, citoyens des sept peuples parmi les plus pauvres du monde, nous sommes pleinement conscients qu’une telle situation est une menace pour le destin de tous, riches et pauvres. Nous savons que les énergies et les ressources existent pour mettre fin à ce divorce tragique entre l’égalité et la liberté. Nous avons voulu être présents en ces journées de célébration du bicentenaire, en même temps que les sept plus riches. Nous refusons à ces sept le droit de parler seuls au nom du monde entier et de décider pour l’ensemble de l’humanité. Les sept riches discutent des problèmes du monde en fonction de leurs intérêts, mais leurs décisions ont un impact direct sur tous les autres peuples alors même que ceux-ci ont été exclus des processus de prise de décision bien qu’ils soient les premiers concernés.
On célèbre en ce jour le principe d’égalité, mais il est contredit de façon éclatante par le système international qui associe le droit de décision à la richesse. Nous refusons qu’on vienne nous prêcher la démocratie en feignant d’ignorer la façon dont est organisée la société internationale.
Ce problème de démocratie internationale est d’autant plus impérieux que les processus d’internationalisation technico-économique créent une situation d’interdépendance à laquelle aucun peuple, même le plus isolé, ne peut se soustraire. Les pays, même formellement souverains, perdent de plus en plus leur pouvoir de détermination autonome. Des choix faits à Tokyo ou à Londres, à New York ou à Francfort, comptent beaucoup plus que ceux qui sont faits dans leur propre capitale. Telle est l’ambiguïté de cette interdépendance aujourd’hui présentée comme positive. Aucun peuple ne peut ignorer le destin des autres et s’en abstraire, mais ce destin est déterminé par une petite poignée de riches et de puissants. Rappelons seulement que, dans la dernière décennie, les décisions relatives aux mécanismes monétaires mondiaux, à la gestion de la dette internationale, à la balance commerciale monétaire planétaire, aux normes de performance technologique, ont été prises dans le cadre des Sommets annuels des sept riches.


Nous dénonçons le monopole décisionnel des riches, par principe, en raison de son caractère anti-démocratique, mais tout autant du fait de ses conséquences concrètes. Les riches veulent que le système redémarre, que le profit soit restauré ; ils imposent aux pauvres de ne pas entraver cette « reprise » même si elle aggrave les inégalités ; ils affirment que les plus pauvres y trouveraient eux aussi leur avantage à terme, grâce au succès des plus forts. Il est vrai que le système a produit des richesses sans équivalent dans l’histoire. Mais il a aussi produit une pauvreté et des souffrances sans précédent Le décalage direct est déjà insupportable, puisque dans les pays pauvres, le revenu par tête est le centième de celui des pays riches, et que l’écart se creuse. « Il y a plus de gens souffrant aujourd’hui de la faim dans le monde que jamais auparavant dans l’histoire humaine, et leur nombre augmente » déclare ta Commission mondiale sur l’environnement et le développement, à travers le rapport Brundtland. Un rapport de la Banque mondiale estime de son côté que le nombre de gens vivant dans les taudis et les bidonvilles non seulement ne décroît pas, mais augmente.
La pauvreté du monde n’est donc pas une pauvreté résiduelle que la modernisation globale pourrait peu à peu réduire. C’est plutôt une pauvreté moderne issue de cette modernité sélective. « L’unification » du monde ne s’effectue pas par homogénéisation mais par exclusion, à l’échelle mondiale comme à l’intérieur même des sociétés riches.
Ce qu’on nous présente comme un processus lent mais graduel de progrès conduit en réa- lité à la possibilité très réelle d’une catastrophe. On ne peut pas rejeter dans la misère les deux-tiers de l’humanité sans s’attendre à des violences et à des bouleversements. La prétention du Fonds monétaire international à « ajuster » les sociétés les plus pauvres aux mécanismes de fer des plus riches, a déjà engendré les révoltes du pain, qui ravagent de grandes villes « modernes » comme Caracas, Santo Domingo, des masses urbaines déséquilibrées par la modernité comme Alger ou Le Caire.
La nouvelle pauvreté de masse ne peut que mener vers des phénomènes de régression et de dégénérescence qui, non seulement dans le tiers monde mais au Nord, ouvrent la voie à une spirale de répression et de guerre.
Espérer « traiter » tous ces problèmes par les outils traditionnels de l’aide et de l’assistance comme le fait le groupe des sept riches, donc refuser de remettre en cause au Nord le principe même du modèle de développe- ment et des façons de vivre, de produire, de consommer et de penser, est non seulement cynique mais aveugle et insensé.
La réalité impose aux riches comme aux pauvres de reconsidérer le rapport linéaire entre bien-être et développement. C’est d’autant plus évident que la détérioration de l’environnement souligne l’impossibilité d’étendre à l’ensemble de la terre le modèle dominant Un darwinisme féroce, dans le Nord comme dans le Sud, tente de repousser la plus grande partie de l’humanité en dessous du seuil de la survie, de la priver même de biens jusqu’ici considérés comme le patrimoine inaliénable de tous les êtres vivants, tels l’air et l’eau, tandis que les privilégiés se contraindraient à s’enfermer dans des enclaves fortifiées issues de leur propre système.
Si nous mettons en cause la stratégie des riches, ce n’est pas seulement au nom des pauvres de la terre, mais de l ’humanité tout entière. Au titre de l’article 15 de la Déclaration des droits de l ’homme de 1789, qui pose le droit des citoyens à demander à tout administrateur public des comptes sur sa gestion, nous mettons en cause la prétention de ceux qui gèrent le monde à continuer à dicter leur loi.
Nous proposons que dans l’avenir, chaque Sommet annuel des sept pays riches soit l’occasion pour des pays parmi les plus pauvres de faire entendre leur voix.
Nous exigeons en tout premier lieu la remise de la dette des pays du tiers monde. Nous voulons que soit posée la question de la légitimité de la dette. Cette dette exprime l’intégration forcée au système économique et financier mondial. La crise de la dette est la conséquence d’une stratégie dont nous n’avons pas fait le choix.
Appuyant le jugement du Tribunal des Peuples qui s’est tenu à Berlin en 1988 sur la dette internationale, nous demandons au Secrétaire général des Nations-Unies :
  • De réunir d’urgence une conférence extraordinaire de tous les pays créanciers et de tous les pays débiteurs, pour trouver une solution politique et non plus seulement comptable, et définir les conditions d’application de la remise de la dette.
  • Au-delà de ces mesures, de considérer comme urgente la réunion sous les auspices des Nations-Unies d’une conférence internationale capable de réviser radicalement les règles régissant les institutions financières et économiques internationales, règles établies il y a plus d’un demi-siècle, et qui ignorent la réalité propre du tiers monde.
  • D’interdire l’usage des prêts internationaux pour les achats d’armes ; de saisir l’occasion offerte par les négociations sur le désarme- ment pour que les économies réalisées soient affectées à des transferts en faveur du développement des peuples.
  • Que soit étudiée la mise en place d’un système de contrôle de la consommation d’énergie, capable de décourager le développement des modes de production et de consommation qui se sont révélés destructeurs de la nature et des sociétés.
  • Nous nous proposons de mettre en place un groupe d’évaluation indépendant qui étudierait systématiquement les décisions prises par les 7 riches et les politiques qu’ils mettent en œuvre. Ce travail évaluerait les conséquences de ces décisions sur les conditions de vie des peuples et plus particulièrement des plus pauvres.
  • Nous sommes convaincus qu’une révision radicale du modèle de développement que le Nord impose au Sud est indispensable, et cela dans l’intérêt du Nord et pas seulement du Sud. Tout modèle de développement doit : être respectueux de la dignité humaine, des libertés politiques, de l’environnement, de l’identité, des valeurs et des besoins fondamentaux des différents peuples ; garantir aux femmes les mêmes opportunités économiques et sociales qu’aux hommes ; conduire à une répartition équitable des ressources et des pouvoirs de décision dans tous les domaines.
  • Nous refusons la charité pour des millions d’êtres humains qui luttent pour leur dignité. Notre légitimité se trouve dans cette lutte. Elle est de même nature que celle qui a conduit de la prise de la Bastille à la Déclaration des Droits de l ’Homme. Nous voulons une démocratisation des instances de pouvoir.
L’irruption des pauvres sur la place de la Bastille il y a deux cents ans affirmait l’impérieuse nécessité de transformer radicalement le système politique français. L’irruption des pays et peuples les plus pauvres sur la scène mondiale affirme aujourd’hui l’impérieuse nécessité de transformer radicalement le système économique et politique international, de façon que les décisions engageant l’humanité entière soient effectivement prises, non plus par une petite minorité de pays riches, mais de concert avec l’ensemble des peuples du monde. »



jeudi 19 mai 2016

La déclaration des Responsabilités de l'Être Humain Pour la Paix et le Développement Supportable

En 1989, j'ai été invité à participer à une rencontre internationale à l'Université de la Paix au Costa-Rica. L'objectif de cette rencontre : rédiger une Déclaration des Responsabilités de L'être humain, qui soit le pendant de celle des Droits de l'Homme.

Cette déclaration a été rédigée, comme prévu, et la porte parole du Costa-Rica à l'ONU  l'a proposée lors d'une assemblée générale en vue de son adoption par la collectivité internationale. La Chine a opposé son droit de Véto, pour la simple raison que le Costa Rica, lors de cette rencontre, avait accueilli un homme dangereux pour l'intégrité du territoire chinois : le Dalaï Lama !

N'ayant pas eu le billet d'avion avec l'invitation, ce texte m'a été transmis par l'organisateur, Abelardo Brenes, en Espagnol et en Anglais.
Je l'ai traduit en Français et diffusé  autour de moi, voici 26 ans, et je le publie ici pour qu'il serve de base à une réflexion commune pour la mise en place d'une constitution digne de ce nom.

DÉCLARATION DES RESPONSABILITÉS DE L'ÊTRE HUMAIN POUR LA PAIX ET LE DÉVELOPPEMENT SUPPORTABLE

Chapitre 1
L'Unité du Monde

Article 1 : Tout ce qui existe est une partie d'un univers interdépendant. Tous les êtres vivants dépendent les uns des autres pour leur existence, leur bien-être et leur développement.

Article 2 : Tous les êtres humains appartiennent de façon inséparable à la nature, sur laquelle la culture et la civilisation humaine ont été construites.

Article 3 : La vie sur terre est abondante et diverse. Elle est soutenue par le fonctionnement ininterrompu de systèmes naturels qui assurent l'approvisionnement en énergie, en air, en eau, et en nourriture pour tous les êtres vivants. Chaque manifestation de vie sur terre est unique et nécessaire, le respect et l'attention lui sont donc dus quelque soit son apparente valeur auprès des êtres humains.

Chapitre II
L'Unité de la Famille Humaine

Article 4 : Tout être humain appartient de façon inséparable à la famille humaine et dépend d'un autre pour son existence, son bien être et son développement. Chaque être humain est une manifestation et une expression unique de vie et a sa propre contribution à amener au développement de la vie sur terre, indépendamment des différences de race, de couleur, de sexe, de langage, de religion, de politique ou d'autre opinion d'origine sociale ou nationale, économique ou autre statut. De plus, chacun est le bénéficiaire des droits et libertés fondamentaux et inaliénables.

Article 5: Tous les êtres humains ont les mêmes besoins de base et les mêmes aspirations fondamentales pour leur accomplissement. Tous les individus sont les bénéficiaires du droit au développement, qui cherche à promouvoir la réalisation du plein potentiel de chaque personne.

Chapitre III
Choix et Responsabilités des Êtres Humains

Article 6 : La responsabilité est un aspect inhérent à toute relation dans laquelle les humains sont impliqués. Cette capacité à agir de façon responsable, consciente, indépendante, unique et personnelle est une qualité créatrice, inaliénable de chaque être humain. Il n'y a aucune limite à son étendue ou profondeur, autre que celle que chaque personne établit pour elle-même. Plus elle est acceptée et exercée et plus elle croîtra et se renforcera.

Article 7 : De tous les êtres, les humains ont l'unique capacité de décider consciemment s'ils protègent ou endommagent la qualité et les conditions de la vie sur la terre. Par la réflexion à leur appartenance au monde naturel et à leur position spéciale de participants dans le déroulement des processus naturels, les individus peuvent développer un sens de responsabilité universelle envers le monde comme un tout, basé sur l'altruisme, la compassion et l'amour, pour la protection de la nature, la promotion des plus hauts potentiels d'évolution possibles, et pour la création de ces conditions qui permettent l'aboutissement du plus haut niveau de bien-être spirituel et matériel.

Article 8 : A ce point critique de l'histoire, les choix humains sont décisifs. En dirigeant leurs actions vers des progrès de société, les êtres humains ont souvent perdu de vue leur appartenance à la communauté naturelle et à l'indivisible famille humaine, ainsi qu'à leurs besoins de base pour une vie saine. La consommation excessive, l'abus de l'environnement et les agressions des gens ont transformé le processus naturel en une situation cruciale qui menace la survie de la terre. Réfléchissant à cela, les individus seront capables de discerner leur responsabilité et, sur cette base, de réorienter leur conduite envers la paix et le développement supportable.

Chapitre IV

Réorientation vers la Paix et le Développement Supportable


Article 9 : C 'est en reconnaissant que chaque forme de vie est unique et nécessaire que chaque personne est bénéficiaire du Droit au Développement, en reconnaissant que la Paix et la violence ont leur origine dans la conscience des êtres humains, qu'un sens conscient de responsabilité à agir et à penser d'une manière pacifique sera développée. Par cette conscience pacifique, les individus comprendront la nature des conditions nécessaires pour leur bien-être et leur développement.

Article 10 : Conscients de leur sens des responsabilités envers la famille humaine, l'environnement qu 'ils occupent, et la nécessité de penser et d'agir pacifiquement, les êtres humains s'engageront pour agir d'une manière qui soit conséquente à la fois avec l'observance et le respect des droits inhérents aux individus et avec la consommation des ressources qui est liée à la satisfaction des besoins de base de tous.

Article 11 : En reconnaissant que les membres de la famille humaine sont responsable d'eux-mêmes et de la conservation de la terre pour les générations présentes et à venir, comme protecteurs de la communauté naturelle et promoteurs d'un développement continu, toute personne s'engagera elle-même à agir de manière rationnelle de façon à obtenir une vie supportable et pérenne.

Article 12 : La responsabilité des êtres humains a toujours cours, soit qu'ils fassent partie ou représentent des groupes sociaux, des corporations ou des institutions privées ou publiques. De plus, toutes ces collectivités ont leur responsabilité dans la promotion de la paix et du développement supportable, aussi bien que dans la mise en pratique des objectifs d'éducation qui les concernent. Ces objectifs comportent l'éveil de la conscience à l'interdépendance parmi les êtres humains et entre les êtres humains et la nature, et la responsabilité universelle des individus à résoudre les problèmes actuels par des attitudes et des actions, d'une manière qui soit conforme à la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales.


Puissions nous vivre le privilège de nos Responsabilités !

Pour plus d'informations, écrivez à Abelardo Brenes,
Université de la Paix
P.O ; Box 199-1250, Escazu, Costa-Rica



Note post traduction : La notion de Développement Supportable (sustainable development) a été traduite ailleurs de façon assez tendancieuse par «développement durable », ce qui n'est absolument pas le sens premier. Une chose peut être durable mais insupportable.
Une chose supportable ne l'est que pour un temps donné, et doit faire l'objet de constants réaménagements dans lesquels la conscience agit. J'y ai adjoint le mot : Pérenne.
La chose durable ne contient rien de tel. Une nuisance durable est inacceptable !

dimanche 24 janvier 2016

La Nuit


Depuis que notre petite planète bleue court autour de son étoile favorite avec ardeur et précision, un cône d'ombre la suit, perpétuel repère de stabilité.

La nuit est unique, autant que la terre est unique. 


Mais la terre dans sa danse entraîne les vivants à parcourir l'espace. Elle leur fait voir le jour, elle leur fait voir la nuit.


Les humains sont les seuls vivants qui ne se contentent pas de se laisser ainsi bercer. 


Ils ont décidé de compter, histoire de vérifier si la terre était fiable. 


On ne sait jamais.


Ils ont compté des jours, ils ont compté des nuits,
ignorant qu'une seule lumière inonde l'espace,
ignorant que la nuit est là juste pour les faire sombrer dans le sommeil.


Une ombre ne se nombre pas. 


C'est pourtant ce qu'ils ont fait durant des siècles. 
Et la nuit, bienveillante, a toujours pris soin d'eux.


L'ombre de la terre a toujours su ramener chaque être à sa nature profonde. 


A chaque tour du globe le fier humain se couche, s'abandonne à la nuit, 
oubliant même le pourquoi de sa stature verticale. 


Et le voilà revenu au stade primitif de la conscience. 


L'humain qui dort se laisse imprégner par les mystères  les plus profonds. 


Il laisse s'opérer en lui les changements nécessaires pour ré-affronter la lumière à son prochain passage.

La naïveté de l'humain est un phénomène rassurant.

Autant le jour il peut se croire fort, utile et puissant, autant la nuit, dans son sommeil il laisse toutes ses croyances pour se vouer à la seule nature qui le compose. 


Et c'est cette nature qui alors reprend le contrôle de l'individu, procède à la remise en état de ce qui a été provisoirement déconnecté du tout pendant le jour.

Laisse-toi faire, homme naïf, par la nuit, la seule nuit qui n'a jamais fait autre chose que de révéler ce 'pourquoi' dont elle est faite.


 Mais l'homme s'en fiche, il ne veut pas se laisser faire. 


Il veut connaître la nuit comme il croit connaître le jour. 


Il décide, il observe, il cherche à comprendre, il décide encore...

Il met ainsi en place un tel système de décryptage de la nuit que même les heures de jour ne suffisent plus à réunir ce qu'il croit avoir compris. 


Et il en est fier. 


Son système de croyances est devenu un monstre qui ne laisse plus la place à la nuit. 
Il se croit maître du temps. 
Il n'a pas encore compris que le temps n'existe que dans sa propre tête.


La nuit n'a pas de temps, elle est ombre qui protège les vivants.


Elle règne dans l'espace...

Car la planète la prive de cette lumière qui inonde tout ce qui existe...
Depuis la nuit des temps...