Tout ce que fait le pouvoir de l'Univers se fait dans un cercle. Le ciel est rond et j'ai entendu dire que la terre est ronde comme une balle et que toutes les étoiles le sont aussi. Les oiseaux font leur nid en cercle parce qu'ils ont la même religion que nous. Le soleil s'élève et redescend dans un cercle, la lune fait de même, et tous deux sont rond. Hehaka Sapa

dimanche 18 avril 2021

Comment ça marche 

J'ai publié ce texte voilà plus de 20 ans et il me semble complètement d'actualité...



On dit : «comment ça marche», et on attend de comprendre...

Trois mots qui appellent une réponse certaine, et on pense qu'effectivement ça va marcher, qu'une réponse va venir, qui va combler le vide induit par la question...


Bon si on s'en tient à la question, il y a le mot 'marche', du verbe 'marcher'. Qu'est-ce qu'il désigne ?


Le fait qu'une chose fonctionne, agisse d'une certaine façon, on recherche une certaine cohésion dans la réponse, un enchaînement logique de faits concrets, tangibles. Au besoin, on réclamera des précisions pour mieux se faire une idée du phénomène en question.


Et pourtant ce verbe marcher qu'on utilise tellement pour améliorer notre compréhension du monde , ce mot si pratique, qu'on pourrait croire étudié pour, bref, ce mot, à force de l'entendre, de l'utiliser, voilà bien qu'un beau jour de printemps je me suis mis à le voir d'une autre façon : une façon qui me faisait me dire en mon for intérieur : «allez, ça suffit, toi et tes trouvailles...», mais non, rien ne m'arrêta et je me vis face à un terrible doute, qui allait grandissant. Une vaste méprise aurait-elle pu naître dans un passé dont on ne sait presque plus rien, sauf quelques traces poussiéreuses d'un autre âge, des écrits en langage passé de mode...


Tout absorbé par mes pensées, je me plongeai dans l'étude de ce fait litigieux, s'il en est.


En voici les grandes lignes.


Le sens le plus courant du verbe marcher, dans notre belle langue française est le fait d'aller à pied, de se déplacer naturellement, sans artifice, on lève un pied, la jambe avance en l'air, l'équilibre du corps se déplace vers l'avant, amenant l'autre pied à basculer pendant que le premier reprend contact avec le sol, relançant ainsi le déséquilibre vers l'avant, et ainsi de suite. L'ensemble de ces gestes, soigneusement appris au cours de notre première année, constitue le meilleur moyen des déplacer d'un endroit à un autre pour toutes les raisons du monde.


En français, on dit donc : «marcher». En anglais "to walk".


Le latin : «ambulare» ne nous a laissé qu'une maigre trace avec notre «déambuler», mais également «ambulance», qui désignait, bien avant l'automobile, le messager pédestre des armées. Marchand ambulant fut un terme de notre langue, et un métier .


Mais le plus souvent on dit marcher.


Pour les mains, on sait dire manier, on embrasse encore grâce à nos bras, mais nos jambes, elles, ne jambulent pas, ni ne iambulent, ni n'ambulent : elles marchent. Oui.

Depuis quand ?

Depuis que des martiens en ont ainsi décidé !

Des martiens, j'exagère : des études récente ont prouvé qu'ils n'existaient pas. D'ailleurs c'est nous, terriens qui avons bel et bien nommé Mars une planète, et un mois de l'année, et aussi un jour de la semaine, et pour quelle raison, s'il vous plaît ?

En l'honneur du Dieu de la guerre : Mars.

Celui que les latins priaient avant la bataille pour obtenir la victoire. Les armées, réunies sur le champ 'de Mars', recevaient les exhortations des imperators, puis partaient à pieds, au pas des armées, vers l'ennemi...

En italien, on dit camminare, qui a son corollaire français dans certaines campagnes anciennes : cheminer. L'italien dit encore andare, mais lorsqu'il s'agit de militaires, il dit 'marcciare' : marcher.

Ah tiens ! L'héritier direct du latin impérial distingue plusieurs façons de marcher.

Nous non. Je m'interroge alors un peu plus sur cette curieuse façon que nous avons, nous les français, de nous déplacer sans pourtant réfléchir au sens de la marche...

L'ennemi, il faut le dire, était quelquefois loin et il fallait aller, pour le trouver, aux confins d'un royaume, confins qu'on prit l'habitude de nommer : «Marches».

Les marches étaient aux Marquis ce que les Contés étaient aux Contes ou les Duchés aux Ducs. Mais dans une Marche, il n'y avait pas les mêmes modes de fonctionnement que dans les autres régions : dans une marche, l'armée du roy avait un droit de réquisition permanent. Les récoltes, les biens, les gens, tout ce qui pouvait servir à l'armée en guerre...

Le roy avait avantage à entretenir des armées sur le pied de guerre dans les Marches, car c'était là que l'ennemi pouvait menacer sa couronne. Aussi, pour la bonne marche des conflits, il enjoignait ses généraux, dans la plupart des cas, donc généralement, à rassembler leurs armées là où ils se trouvaient, à les préparer et, ceci fait, à les faire partir dans les Marches.

L'armée partait alors en Marche, bien évidemment à pied, une, deux, une, deux. On leur disait : «en avant : Marche ! » et tous, au pas, sans plus réfléchir, ils marchaient.

Tous.

Bon presque tous, je ne sais pas exactement le nombre, mais ceux qui gagnèrent furent les plus nombreux, donc ils étaient certainement nombreux à obéir, et que pour les y aider on leur faisait de la musique. Militaire, la musique, d'ailleurs on disait là aussi : marche.

Et plus ils étaient à marcher dans cette histoire, plus ils avaient le sentiment d'exister pour l'histoire, jusqu'à y entrer baïonnette au fusil. A ce stade de l'héroïsme, on ne discute pas le vocabulaire : alors ils ne déambulaient pas plus qu'ils ne cheminaient : ils marchaient. 

Ils ne marchandaient pas non plus la gloire : ils la désiraient au point d'en arriver à confondre le fait de se déplacer avec celui de faire la guerre.

En France.

L'esprit français est simple : il se contente de ce qu'on lui fait croire, même pour le faire marcher. Et ça marche, l'histoire l'a bien prouvé. Napoléon faisait beaucoup marcher son monde : jusqu'à 18 heures par jour pendant la campagne de Russie.

Et ils marchaient, marchaient, toujours à la solde d'un état en guerre, toujours guettant le moment de la solde, ceux qu'on nommait les soldats. C'était simple : «tu es soldat, alors tu marches. » En fait il n'est pas soldat, mais soldé, c'est un homme soldé, bradé, et il ne chemine pas, ah non alors : il marche.

Comment ça marche ?

Comme ça !


Montpellier Juillet 2000

samedi 28 décembre 2019

L'Armée française





Ce matin , au rassemblement, l’adjudant nous lit nos affectations.
Je suis muté à Fréjus !

Je suis militaire à Toulon depuis deux mois, appelé pour le service à la caserne Grignan, 4ème RiMA. Nous avons terminé les classes et ici personne ne reste à Toulon, c’est une caserne dédiée à la formation et ensuite on part en outre mer, ou bien en Allemagne. C’est comme ça.
Cet adjudant est une vraie teigne. Il m’a pris en grippe dès le début et m’a même précisé, un jour où j’avais dû lui tenir tête, qu’il avait déjà tué des humains et que je ne lui faisais pas peur, qu’un de plus à son actif ne le gênerait aucunement.

Le problème qui se pose à moi est énorme : nous sommes venus à Toulon, Claudie et moi, pour régler cette histoire d’armée. Nous attendons un enfant et il est hors de question qu’on nous sépare. Nous avons trouvé un petit studio dans un quartier tranquille et depuis le début de mon incorporation, j’ai rencontré l’assistante sociale de la caserne ainsi que le commandant responsable des affectations et ils ont compris ma situation et m’ont assuré d’y trouver une solution.
Je pensais même ne pas avoir à rester un seul jour sous les drapeaux, mais ça n’a pas marché et me voilà face à cette question : comment faire pour rester ici sans avoir à déserter?
Hors de question d’aller jouer les petits soldats à 100 kilomètres de ma famille naissante !

J’en parle à mon Capitaine qui me conseille d’aller en parler au Commandant responsable des affectations. J’y vais d’un pas décidé.
Quand mon tour arrive (nous sommes nombreux à vouloir lui parler) j’entre dans un long local bordé de gradés assis à leurs bureaux et, tout au fond, un bureau face à l’allée centrale : celui du Commandant.
Ma conversation n’a donc rien de privé puisque tous ces gradés entendent ce qui se dit. Le Commandant sait pourquoi je suis là et il me dit que le choix de Fréjus est un rapprochement de domicile, puisque j’habite Toulon et que Fréjus , à 100 kilomètres, est la caserne la plus proche de chez moi.
Je conteste en lui rappelant que j’avais demandé de rester à Toulon pour la naissance de mon enfant et il me dit que c’est impossible.
Je m’entends lui répondre en criant : « -Vous êtes un incapable ! »
Il blêmit…
Je sens dans mon dos les ricanements des témoins directs de cette scène, mais je reste debout, face à cet homme tout déconfit qui rajoute : « -J’y peux rien… allez voir le Colonel ! »
Et là, je tends la main vers son visage en criant : « OK, je vais voir le Colonel… et je vais lui parler de vous !! »
Et je quitte la scène en foudroyant du regard tous les gradés présents.
Personne ne m’arrête. Ni ne me parle. Je descend l’escalier, sors du bâtiment, et fonce vers le bâtiment de l’entrée de la caserne où se trouve le bureau du Colonel.

Au bureau d’accueil, on me signale que le Colonel est absent, qu’il ne rentrera que lundi mais que son second est là si c’est urgent. Je demande à le voir et au bout d’un petit quart d’heure, me voilà admis à entrer dans son bureau.
Le Commandant Foucard est un homme souriant, mais limité comme un militaire. Il commence par me moraliser en me sortant des insanités comme quoi depuis que je suis né et que j’ai deux couilles entre les jambes, je sais que je dois faire l’armée et que je ne dois pas aller engrosser… »
Son discours est insupportable et je le coupe : -  « Ma vie privée ne vous regarde pas, monsieur, je suis là pour trouver une solution à cette mutation et je ne sortirais pas d’ici sans avoir trouvé, sinon je déserte ! »

Il se tait. Et puis, cette phrase lui vient : «  Mais qu’est-ce que tu crois que je peux faire pour toi ? »
Il ne dit pas ça pour que je lui réponde, il dit ça comme une fin de non-recevoir, mais je saute sur l’occasion en le fixant droit dans les yeux la main droite sur mon épaule gauche :
« Vous avez cinq galons sur l’épaule, moi je n’en ai pas » puis la main tendue devant moi : « Vous avez un téléphone devant vous, moi non, »
« Vous appelez votre homologue à Fréjus et vous m’échangez avec un gars de Fréjus qui veut rester là bas ! »
_ « Mais tu crois que ça se passe comme ça à l’armée ? »
_ « Bien sûr que oui !
_ « Donnes moi des exemples ! »
_ « Dites, vous connaissez mieux que moi le fonctionnement de votre caserne, je vais pas jouer les délateurs ! »

Silence.
Un quart d’heure de silence ...et puis il me regarde tirant son téléphone vers lui… «  Tu as gagné ! »

Et il appèle son homologue de Fréjus sous mes yeux, sans même avoir la pudeur de me faire sortir. Il m’obéit !
Une fois raccroché il ajoute : « bon, maintenant, qu’est-ce que je fais de toi ? » à quoi je répond : « mettez moi où vous voulez, je ferais ce qu’on me dit de faire, je sais que je reste à Toulon , merci Commandant. »
Et je sors, victorieux.

Je passe le week end avec Claudie et le lundi matin, au rapport, l’adjudant braille
« Champagne, chez le Colonel ! »
Là , je n’en mène pas large. Cet homme a certainement appris mon comportement avec ses seconds, et il doit m’attendre de pied ferme. Mais j’ai appris à faire face et j’assumerais quoi qu’il se passe.
Le bureau du ‘vrai’ Colonel est d’un tout autre style. Je m’en aperçois en saluant le drapeau qui trône sur sa droite et que je dois saluer avant de saluer le Colonel (c’est la règle). Mais le Colonel me lance « laissez ça ! Asseyez vous , on doit parler. »
Je m’assied et il se lance dans une prose éloquente sur le rôle de l’armée en temps de paix, que les militaires peuvent avoir un grand rôle dans les catastrophes naturelles, et que le service est un apprentissage à la gestion efficace de l’aide aux sinistrés (il invente, on n’a eu aucune formation là dessus pendant ces deux mois de classe, seulement marcher au pas et tirer au fusil, expérimenter les masques à gaz et jouer à la guéguerre comme des jeunes louveteaux…)
Je me demande bien où il veut en venir…
Et alors il y vient :
« Ma femme et moi avons parlé de votre situation, nous avons eu cinq enfants et il nous reste plein de layette et de matériel pour nourrissons, alors si vous voulez en profiter, nous sommes disposés à vous en faire cadeau.

Et là, je me lève, je lui tend la main en lui disant : « Mon Colonel, je vous remercie, mais je ne veux rien avoir à faire avec l’armée Française. Je reste à Toulon, c’est ce que j’avais demandé, j’occuperais la place qu’on me trouvera, au revoir ! »
Et je sors !

J’apprends quelques jours plus tard que je suis affecté au téléphone, ce qui me vaudra au bout de quelques semaines d’aller travailler en ville, au bureau de garnison, où se trouve le central téléphonique de la place de Toulon, le mess des officiers et le logement du Colonel Marion et de sa famille.
Clotilde naîtra à cette période et Claudie viendra avec elle dans son landau chaque fois que j’y serai de permanence le week-end.
Et le Colonel ne manquera pas de venir faire un petit tour à mon central pour me saluer et admirer notre magnifique petite fille.
Son second prendra des nouvelles presque à chaque fois que je le croiserai dans la caserne.
La venue de Clotilde m’avait donc appris à exprimer mes besoins fondamentaux face à des gradés de haut niveau. Que j’avais traité sans ménagement, comme ils ont l’habitude.
En retour, j’ai eu droit à leur considération et à leur respect.

Merci ma fille !

mercredi 4 avril 2018

Catalogne


Courte visite en Espagne Catalane.


Du carnaval en veux-tu, en voilà. Des spectacles, des tours de villes, du maquillage, des danses, de la musique et encore de la musique, des jeunes mariés qui sourient , du bruit dans une salle de restaurant pleine à craquer. Les serveurs ne savent pas où donner de l'assiette, mais tout se passe pour le mieux et petit à petit chacun se trouve envahi par l'abondance outrancière du prêt-à-manger Catalan : et de ceci, et de celà, et encore ceci, et du champagne et du vin et du café et du whisky et des desserts et de la glace et des cigares et encore des discours sans contenus, simples allusions catalanes à des faits catalans, et tout le monde rit, tout va bien, ils sont content, là, à trois cent dans leur restaurant de la montagne, avec effectivement des montagnes aux fenêtres, oui on les voit bien, mais on a pas le temps, il y a les enfants qui réclament, les vieux qui rient, les jeunes qui trinquent à la table d'en face, et qui fument et qui rient tout ça en catalan, c'est incroyable ce qu'un catalan peut faire de son catalan ...

Et puis en regardant bien, il y a les taiseux, ceux qui écoutent en catalan, qui comprennent que dans tout ce bruit c'est aussi l'âme d'un peuple qui s'exprime, une âme encore enfant, jeune et solide comme les murs qu'ils bâtissent, les murs en pierre catalane, avec les voûtes robustes, les arcs plein cintre en briques ou en pierres rayonnantes, si belles qu'on les croit poussées là, vestiges d'une époque où les pierres poussaient et fleurissaient en bouquet parfait, juste pour le besoin d'une porte silencieuse en mal d'aspirer des gens qui rentrent se mettre à l'abri du vent catalan de l'hiver et de les ranger au chaud d'une grande cheminée pleine d'histoires aux accents rocailleux fraîchement rentrés de la montagne, histoires de bergers, histoires d'aventures à la limite du réel, histoires toutes teintées du feu des braises qui les réchauffe, et celui qui raconte veut ses paroles mouvantes et belles, et qu'elles réchauffent les esprits qui les entendent, par le rire ou bien l'étonnement, et c'est pour cette raison qu'ils n'ont pas bâti leurs murs trop haut, les maçons catalans.

Car les histoires se perdent dans des plafonds trop élevés, et on ne sait plus ce qu'on doit retenir, ou bien croire. Non, eux ils ont tout à fait compris qu'une histoire digne de ce nom doit être entendue la tête légèrement penchée, les yeux prêts à vivre l'intensité de l'action au moindre changement de ton, la peur au ventre et la joie au coeur, et le plafond bas les aide à garder la tête juste à la bonne position, et les murs épais les aide à oublier le reste, tout ce qui n'appartient pas à l'histoire, parce que l'histoire fait déjà partie de leurs rêves, et qu'il y a le feu, et que le feu et le rêve aiment à se retrouver pour forger les âmes simples, celles qui se nourrissent d'histoires de la montagne.

Et celui qui raconte est encore là haut, et ses lèvres tremblent encore de dire tout ce qu'il a vu des arbres, du vent et de la nuit et des bêtes qui l'ont surpris lorsqu'il cherchait à s'endormir dans son coin de cabane. Alors il met un peu du bruit du vent, un peu du bruit des arbres, et de celui des bêtes, et sa frayeur est là, aussi, au milieu de ses mots et de ceux qui l'entendent, et même on y perçoit le bruit d'un ruisseau qui coule au milieu des rocailles, et qui couvre une partie de l'histoire, et peu à peu ceux qui écoutent perdent le fil des mots, car l'eau les attire et leurs yeux se mettent à cligner, et c'est le signal qu'attendait leurs rêves pour se faufiler et tisser la suite catalane de ce que le feu gardera au précieux de ses braises, de ce qu'au petit matin ils verront en retournant les cendres, en y retrouvant les petits bouts rougeoyants qui leurs serviront à ranimer la chaleur de la pièce avant de repartir dans le ciel du matin encore tout étoilé de la nuit qui se perd au fond d'une vallée encore endormie.


Dimanche 10 Février 2002





dimanche 25 mars 2018

Les cinq




le Tétraèdre : division  de la sphère en 4
L'hexaèdre, ou cube : division de la sphère en 6 parties égales

l'octaèdre : division de la sphère en 8 parties égales
division en 12 de la sphère
Dodécaèdre : division de la sphère en 12 parties égales
l'icosaèdre : division de la sphère en 20 parties égales

jeudi 13 juillet 2017

Jardin



Jardin


Donnez moi un jardin loin des bruits de la ville

Loin de l'indifférence


Donnez moi un jardin qui vibre sous mes pieds

Qui rythme doucement

La venue des amis, des jours et des saisons

De l'aube au crépuscule


Un jardin plein d'oiseaux où les fleurs m'instruiront

Sur la féminité



Il y aura de l'eau, du soleil et du vent

Et la terre dans mes mains

Livrera ses secrets sur la rondeur des fruits



Je m'y rendrai la nuit

Je deviendrai sorcier et mes yeux étonnés

S'ouvriront peu à peu

Comme germe le blé, sans un bruit, sans un mot,



Juste par amitié

dimanche 12 juin 2016

L'Autre Sommet Économique de Paris


  L'Autre Sommet Économique de Paris


Ce même été 1989 (voir la "déclaration des Responsabilités..." plus haut) 
avait lieu à Paris un sommet des chefs d'état des 7 pays les plus riches de la planète. Simultanément avait été organisé « l'Autre Sommet Économique », « The Other Economic Summit », TOES 89, regroupant les représentants de sept pays parmi les plus pauvres de la même planète..



Je retranscis ici cette lettre ouverte, que j'avais publié à l'époque, suivie de la déclaration finale rédigée le 15 Juillet 89



  
 (Trois mille personnes étaient présentes à la Mutualité et à Jussieu (Paris) pour participer à « l'Autre Sommet  89»)



Lettre ouverte aux chefs d’État du Sommet des Sept

Madame, Messieurs les chefs d’État et de Gouvernement,
Vous vous réunissez cette année à Paris pour votre sommet annuel à la date symbolique du 14 Juillet 1989. La Révolution français a montré aux peuples que les institutions n'étaient pas immuables, que l'avenir était ouvert et qu'il pouvait être façonné selon des idéaux de liberté, d'égalité et de fraternité. Nous pensons que la solennité du moment demande que votre rencontre aille au delà de la discussion des affaires courantes et traite des problèmes affligeant l'humanité dont la solution exige un consensus international.

Le plus grave de ces problèmes, c'est la survie de l'humanité et de votre planète. Aujourd'hui, l'holocauste nucléaire et des processus irréversibles de dégradation écologiques menacent l'avenir. Toute aussi urgente est la question sociale : dans le tiers monde, la misère, la faim et les épidémies frappent des centaines de millions d'hommes, de femmes et d'enfants. La répartition de la richesse est de plus en plus inégale et les phénomènes massifs d'exclusion sévissent dans des pays aussi riches que les vôtres.

L'élimination de ces menaces passe par l'instauration d'un système de sécurité aux volets multiples : sécurité écologique, alimentaire et sociale, détente internationale ; sans oublier la protection contre les risques majeurs d'accidents, qu'ils soient naturels ou provoqués par l 'activité humaine. Elle demande aussi la réforme des institutions de régulation de l'économùie internationale et la mise en place d'un dispositif de gestion de l'environnement global du vaisseau Terre, soumis au triple critère de prudence écologique, d'utilité sociale et d'efficacité économique.

Un changement complet s'impose donc dans les modes de développement et dans les rapports entre les pays riches et les pays du tiers monde.

Nous pensons que la solution à ces problèmes passe par l'examen approfondi des dix points suivants, explicités dans le mémorandum joint à cette lettre : la planète en danger ; l'économie d'endettement ; les règles du jeu du commerce international ; la situation faite aux femmes ; les populations marginalisées ; la coordination face aux fléaux ; l'avenir de la vie, la révolution technologique ; les migrations de populations ; la paix et le désarmement.

Les questions que nous venons de soulever ne pourront pas être résolues du jour au lendemain. Nous n'attendons pas de vous des réponses immédiates. Par contre, nous pensons qu'il est impératif de définir un échéancier de négociations pour rechercher le consensus international nécessaire à un progrès décisif vers un monde moins menacé et moins déchiré par les inégalités.

Cependant, ces questions sont beaucoup trop sérieuses pour être traitées dans le secret des tractations diplomatiques. Dans sa charte, l'Organisation des Nations Unies se veut une organisation des peuples : dans les faits, elle fonctionne comme un organisme de gouvernements. C'est pourquoi nous affirmons qu'un large débat démocratique est indispensable : les représentants des sociétés civiles doivent y être impliqués à toutes les étapes, et les gouvernements doivent à tout moment rendre compte aux citoyens de leurs actes.

Nous attendons donc de votre sommet de Paris qu'il se conclue sur une double proposition : celle d'un échéancier de négociations sur les grands problèmes mondiaux évoqués, et celle d'une procédure de consultation démocratique des opinions publiques.

Dans cette perspective, nous saluons toutes les initiatives émanant des personnes et des groupes visant à résoudre collectivement ces grands problèmes. Nous saluons en particulier l'Autre Sommet Economique / The Other Economic Summit « TOES 89 », qui se tiendra à Paris à l'occasion de votre sommet officiel.




Déclaration Finale de L'Autre Sommet de Paris

« C’est à l’occasion du bicentenaire de la Révolution française que des témoins de sept pays parmi les plus appauvris du monde, tout comme les sept pays les plus riches, sont réunis à Paris. Les uns et les autres tirent leur légitimité de cet événement historique, mais ces légitimités sont opposées. Car si la Révolution française a élargi le champ du capitalisme moderne, elle a en même temps proclamé les principes de liberté et d’égalité comme fondement du droit des pauvres à lutter contre la misère et l’oppression.
Deux cents ans après la prise de la Bastille par les plus pauvres des parisiens, la contradiction entre les riches et les pauvres ; entre les puissants et les marginalisés, est devenue mondiale. Les inégalités de revenus s’aggravent, et donc les inégalités de revenus dans les capacités de développement. L’exercice de la démocratie n’est souvent que fictif, là où celle-ci est constitutionnellement reconnue, tandis que violence et répression prévalent dans la plus grande partie du monde.
Telle est la contradiction Nord-Sud, qui est potentiellement la plus dangereuse pour l’avenir. Le développement des sept grandes puissances modernes s’est surtout construit sur l’exploitation et la désagrégation d’une large partie du monde, à laquelle ces sept riches imposent leur technologie, leur type de civilisation, leur modèle de consommation.

C’est pourquoi, nous fondant sur la déclaration universelle des droits des peuples, proclamée le 4 juillet 1976 à Alger, nous déclarons solennellement que nous contestons aux « Grands » de la terre le droit de confisquer aujourd’hui le message de la Révolution française. En ce jour de fête de la liberté, nous considérons comme hypocrite et même suicidaire, de parler de justice et de bien être, alors même que le monde s’enfonce dans l’inégalité et que les peuples sont massivement marginalisés.
Nous, citoyens des sept peuples parmi les plus pauvres du monde, nous sommes pleinement conscients qu’une telle situation est une menace pour le destin de tous, riches et pauvres. Nous savons que les énergies et les ressources existent pour mettre fin à ce divorce tragique entre l’égalité et la liberté. Nous avons voulu être présents en ces journées de célébration du bicentenaire, en même temps que les sept plus riches. Nous refusons à ces sept le droit de parler seuls au nom du monde entier et de décider pour l’ensemble de l’humanité. Les sept riches discutent des problèmes du monde en fonction de leurs intérêts, mais leurs décisions ont un impact direct sur tous les autres peuples alors même que ceux-ci ont été exclus des processus de prise de décision bien qu’ils soient les premiers concernés.
On célèbre en ce jour le principe d’égalité, mais il est contredit de façon éclatante par le système international qui associe le droit de décision à la richesse. Nous refusons qu’on vienne nous prêcher la démocratie en feignant d’ignorer la façon dont est organisée la société internationale.
Ce problème de démocratie internationale est d’autant plus impérieux que les processus d’internationalisation technico-économique créent une situation d’interdépendance à laquelle aucun peuple, même le plus isolé, ne peut se soustraire. Les pays, même formellement souverains, perdent de plus en plus leur pouvoir de détermination autonome. Des choix faits à Tokyo ou à Londres, à New York ou à Francfort, comptent beaucoup plus que ceux qui sont faits dans leur propre capitale. Telle est l’ambiguïté de cette interdépendance aujourd’hui présentée comme positive. Aucun peuple ne peut ignorer le destin des autres et s’en abstraire, mais ce destin est déterminé par une petite poignée de riches et de puissants. Rappelons seulement que, dans la dernière décennie, les décisions relatives aux mécanismes monétaires mondiaux, à la gestion de la dette internationale, à la balance commerciale monétaire planétaire, aux normes de performance technologique, ont été prises dans le cadre des Sommets annuels des sept riches.


Nous dénonçons le monopole décisionnel des riches, par principe, en raison de son caractère anti-démocratique, mais tout autant du fait de ses conséquences concrètes. Les riches veulent que le système redémarre, que le profit soit restauré ; ils imposent aux pauvres de ne pas entraver cette « reprise » même si elle aggrave les inégalités ; ils affirment que les plus pauvres y trouveraient eux aussi leur avantage à terme, grâce au succès des plus forts. Il est vrai que le système a produit des richesses sans équivalent dans l’histoire. Mais il a aussi produit une pauvreté et des souffrances sans précédent Le décalage direct est déjà insupportable, puisque dans les pays pauvres, le revenu par tête est le centième de celui des pays riches, et que l’écart se creuse. « Il y a plus de gens souffrant aujourd’hui de la faim dans le monde que jamais auparavant dans l’histoire humaine, et leur nombre augmente » déclare ta Commission mondiale sur l’environnement et le développement, à travers le rapport Brundtland. Un rapport de la Banque mondiale estime de son côté que le nombre de gens vivant dans les taudis et les bidonvilles non seulement ne décroît pas, mais augmente.
La pauvreté du monde n’est donc pas une pauvreté résiduelle que la modernisation globale pourrait peu à peu réduire. C’est plutôt une pauvreté moderne issue de cette modernité sélective. « L’unification » du monde ne s’effectue pas par homogénéisation mais par exclusion, à l’échelle mondiale comme à l’intérieur même des sociétés riches.
Ce qu’on nous présente comme un processus lent mais graduel de progrès conduit en réa- lité à la possibilité très réelle d’une catastrophe. On ne peut pas rejeter dans la misère les deux-tiers de l’humanité sans s’attendre à des violences et à des bouleversements. La prétention du Fonds monétaire international à « ajuster » les sociétés les plus pauvres aux mécanismes de fer des plus riches, a déjà engendré les révoltes du pain, qui ravagent de grandes villes « modernes » comme Caracas, Santo Domingo, des masses urbaines déséquilibrées par la modernité comme Alger ou Le Caire.
La nouvelle pauvreté de masse ne peut que mener vers des phénomènes de régression et de dégénérescence qui, non seulement dans le tiers monde mais au Nord, ouvrent la voie à une spirale de répression et de guerre.
Espérer « traiter » tous ces problèmes par les outils traditionnels de l’aide et de l’assistance comme le fait le groupe des sept riches, donc refuser de remettre en cause au Nord le principe même du modèle de développe- ment et des façons de vivre, de produire, de consommer et de penser, est non seulement cynique mais aveugle et insensé.
La réalité impose aux riches comme aux pauvres de reconsidérer le rapport linéaire entre bien-être et développement. C’est d’autant plus évident que la détérioration de l’environnement souligne l’impossibilité d’étendre à l’ensemble de la terre le modèle dominant Un darwinisme féroce, dans le Nord comme dans le Sud, tente de repousser la plus grande partie de l’humanité en dessous du seuil de la survie, de la priver même de biens jusqu’ici considérés comme le patrimoine inaliénable de tous les êtres vivants, tels l’air et l’eau, tandis que les privilégiés se contraindraient à s’enfermer dans des enclaves fortifiées issues de leur propre système.
Si nous mettons en cause la stratégie des riches, ce n’est pas seulement au nom des pauvres de la terre, mais de l ’humanité tout entière. Au titre de l’article 15 de la Déclaration des droits de l ’homme de 1789, qui pose le droit des citoyens à demander à tout administrateur public des comptes sur sa gestion, nous mettons en cause la prétention de ceux qui gèrent le monde à continuer à dicter leur loi.
Nous proposons que dans l’avenir, chaque Sommet annuel des sept pays riches soit l’occasion pour des pays parmi les plus pauvres de faire entendre leur voix.
Nous exigeons en tout premier lieu la remise de la dette des pays du tiers monde. Nous voulons que soit posée la question de la légitimité de la dette. Cette dette exprime l’intégration forcée au système économique et financier mondial. La crise de la dette est la conséquence d’une stratégie dont nous n’avons pas fait le choix.
Appuyant le jugement du Tribunal des Peuples qui s’est tenu à Berlin en 1988 sur la dette internationale, nous demandons au Secrétaire général des Nations-Unies :
  • De réunir d’urgence une conférence extraordinaire de tous les pays créanciers et de tous les pays débiteurs, pour trouver une solution politique et non plus seulement comptable, et définir les conditions d’application de la remise de la dette.
  • Au-delà de ces mesures, de considérer comme urgente la réunion sous les auspices des Nations-Unies d’une conférence internationale capable de réviser radicalement les règles régissant les institutions financières et économiques internationales, règles établies il y a plus d’un demi-siècle, et qui ignorent la réalité propre du tiers monde.
  • D’interdire l’usage des prêts internationaux pour les achats d’armes ; de saisir l’occasion offerte par les négociations sur le désarme- ment pour que les économies réalisées soient affectées à des transferts en faveur du développement des peuples.
  • Que soit étudiée la mise en place d’un système de contrôle de la consommation d’énergie, capable de décourager le développement des modes de production et de consommation qui se sont révélés destructeurs de la nature et des sociétés.
  • Nous nous proposons de mettre en place un groupe d’évaluation indépendant qui étudierait systématiquement les décisions prises par les 7 riches et les politiques qu’ils mettent en œuvre. Ce travail évaluerait les conséquences de ces décisions sur les conditions de vie des peuples et plus particulièrement des plus pauvres.
  • Nous sommes convaincus qu’une révision radicale du modèle de développement que le Nord impose au Sud est indispensable, et cela dans l’intérêt du Nord et pas seulement du Sud. Tout modèle de développement doit : être respectueux de la dignité humaine, des libertés politiques, de l’environnement, de l’identité, des valeurs et des besoins fondamentaux des différents peuples ; garantir aux femmes les mêmes opportunités économiques et sociales qu’aux hommes ; conduire à une répartition équitable des ressources et des pouvoirs de décision dans tous les domaines.
  • Nous refusons la charité pour des millions d’êtres humains qui luttent pour leur dignité. Notre légitimité se trouve dans cette lutte. Elle est de même nature que celle qui a conduit de la prise de la Bastille à la Déclaration des Droits de l ’Homme. Nous voulons une démocratisation des instances de pouvoir.
L’irruption des pauvres sur la place de la Bastille il y a deux cents ans affirmait l’impérieuse nécessité de transformer radicalement le système politique français. L’irruption des pays et peuples les plus pauvres sur la scène mondiale affirme aujourd’hui l’impérieuse nécessité de transformer radicalement le système économique et politique international, de façon que les décisions engageant l’humanité entière soient effectivement prises, non plus par une petite minorité de pays riches, mais de concert avec l’ensemble des peuples du monde. »



jeudi 19 mai 2016

La déclaration des Responsabilités de l'Être Humain Pour la Paix et le Développement Supportable

En 1989, j'ai été invité à participer à une rencontre internationale à l'Université de la Paix au Costa-Rica. L'objectif de cette rencontre : rédiger une Déclaration des Responsabilités de L'être humain, qui soit le pendant de celle des Droits de l'Homme.

Cette déclaration a été rédigée, comme prévu, et la porte parole du Costa-Rica à l'ONU  l'a proposée lors d'une assemblée générale en vue de son adoption par la collectivité internationale. La Chine a opposé son droit de Véto, pour la simple raison que le Costa Rica, lors de cette rencontre, avait accueilli un homme dangereux pour l'intégrité du territoire chinois : le Dalaï Lama !

N'ayant pas eu le billet d'avion avec l'invitation, ce texte m'a été transmis par l'organisateur, Abelardo Brenes, en Espagnol et en Anglais.
Je l'ai traduit en Français et diffusé  autour de moi, voici 26 ans, et je le publie ici pour qu'il serve de base à une réflexion commune pour la mise en place d'une constitution digne de ce nom.

DÉCLARATION DES RESPONSABILITÉS DE L'ÊTRE HUMAIN POUR LA PAIX ET LE DÉVELOPPEMENT SUPPORTABLE

Chapitre 1
L'Unité du Monde

Article 1 : Tout ce qui existe est une partie d'un univers interdépendant. Tous les êtres vivants dépendent les uns des autres pour leur existence, leur bien-être et leur développement.

Article 2 : Tous les êtres humains appartiennent de façon inséparable à la nature, sur laquelle la culture et la civilisation humaine ont été construites.

Article 3 : La vie sur terre est abondante et diverse. Elle est soutenue par le fonctionnement ininterrompu de systèmes naturels qui assurent l'approvisionnement en énergie, en air, en eau, et en nourriture pour tous les êtres vivants. Chaque manifestation de vie sur terre est unique et nécessaire, le respect et l'attention lui sont donc dus quelque soit son apparente valeur auprès des êtres humains.

Chapitre II
L'Unité de la Famille Humaine

Article 4 : Tout être humain appartient de façon inséparable à la famille humaine et dépend d'un autre pour son existence, son bien être et son développement. Chaque être humain est une manifestation et une expression unique de vie et a sa propre contribution à amener au développement de la vie sur terre, indépendamment des différences de race, de couleur, de sexe, de langage, de religion, de politique ou d'autre opinion d'origine sociale ou nationale, économique ou autre statut. De plus, chacun est le bénéficiaire des droits et libertés fondamentaux et inaliénables.

Article 5: Tous les êtres humains ont les mêmes besoins de base et les mêmes aspirations fondamentales pour leur accomplissement. Tous les individus sont les bénéficiaires du droit au développement, qui cherche à promouvoir la réalisation du plein potentiel de chaque personne.

Chapitre III
Choix et Responsabilités des Êtres Humains

Article 6 : La responsabilité est un aspect inhérent à toute relation dans laquelle les humains sont impliqués. Cette capacité à agir de façon responsable, consciente, indépendante, unique et personnelle est une qualité créatrice, inaliénable de chaque être humain. Il n'y a aucune limite à son étendue ou profondeur, autre que celle que chaque personne établit pour elle-même. Plus elle est acceptée et exercée et plus elle croîtra et se renforcera.

Article 7 : De tous les êtres, les humains ont l'unique capacité de décider consciemment s'ils protègent ou endommagent la qualité et les conditions de la vie sur la terre. Par la réflexion à leur appartenance au monde naturel et à leur position spéciale de participants dans le déroulement des processus naturels, les individus peuvent développer un sens de responsabilité universelle envers le monde comme un tout, basé sur l'altruisme, la compassion et l'amour, pour la protection de la nature, la promotion des plus hauts potentiels d'évolution possibles, et pour la création de ces conditions qui permettent l'aboutissement du plus haut niveau de bien-être spirituel et matériel.

Article 8 : A ce point critique de l'histoire, les choix humains sont décisifs. En dirigeant leurs actions vers des progrès de société, les êtres humains ont souvent perdu de vue leur appartenance à la communauté naturelle et à l'indivisible famille humaine, ainsi qu'à leurs besoins de base pour une vie saine. La consommation excessive, l'abus de l'environnement et les agressions des gens ont transformé le processus naturel en une situation cruciale qui menace la survie de la terre. Réfléchissant à cela, les individus seront capables de discerner leur responsabilité et, sur cette base, de réorienter leur conduite envers la paix et le développement supportable.

Chapitre IV

Réorientation vers la Paix et le Développement Supportable


Article 9 : C 'est en reconnaissant que chaque forme de vie est unique et nécessaire que chaque personne est bénéficiaire du Droit au Développement, en reconnaissant que la Paix et la violence ont leur origine dans la conscience des êtres humains, qu'un sens conscient de responsabilité à agir et à penser d'une manière pacifique sera développée. Par cette conscience pacifique, les individus comprendront la nature des conditions nécessaires pour leur bien-être et leur développement.

Article 10 : Conscients de leur sens des responsabilités envers la famille humaine, l'environnement qu 'ils occupent, et la nécessité de penser et d'agir pacifiquement, les êtres humains s'engageront pour agir d'une manière qui soit conséquente à la fois avec l'observance et le respect des droits inhérents aux individus et avec la consommation des ressources qui est liée à la satisfaction des besoins de base de tous.

Article 11 : En reconnaissant que les membres de la famille humaine sont responsable d'eux-mêmes et de la conservation de la terre pour les générations présentes et à venir, comme protecteurs de la communauté naturelle et promoteurs d'un développement continu, toute personne s'engagera elle-même à agir de manière rationnelle de façon à obtenir une vie supportable et pérenne.

Article 12 : La responsabilité des êtres humains a toujours cours, soit qu'ils fassent partie ou représentent des groupes sociaux, des corporations ou des institutions privées ou publiques. De plus, toutes ces collectivités ont leur responsabilité dans la promotion de la paix et du développement supportable, aussi bien que dans la mise en pratique des objectifs d'éducation qui les concernent. Ces objectifs comportent l'éveil de la conscience à l'interdépendance parmi les êtres humains et entre les êtres humains et la nature, et la responsabilité universelle des individus à résoudre les problèmes actuels par des attitudes et des actions, d'une manière qui soit conforme à la protection des droits de l'homme et des libertés fondamentales.


Puissions nous vivre le privilège de nos Responsabilités !

Pour plus d'informations, écrivez à Abelardo Brenes,
Université de la Paix
P.O ; Box 199-1250, Escazu, Costa-Rica



Note post traduction : La notion de Développement Supportable (sustainable development) a été traduite ailleurs de façon assez tendancieuse par «développement durable », ce qui n'est absolument pas le sens premier. Une chose peut être durable mais insupportable.
Une chose supportable ne l'est que pour un temps donné, et doit faire l'objet de constants réaménagements dans lesquels la conscience agit. J'y ai adjoint le mot : Pérenne.
La chose durable ne contient rien de tel. Une nuisance durable est inacceptable !